Sunday 2 October 2011

Oser et l'espoir (Paul Éluard) au sujet de Violette Nozière*




Lorsque le pélican **

Les murs de la maison se ressemblent
Une voix enfantine répond
Oui comme un grain de blé et les bottes de sept lieues
Sur l’un des murs il y a les portraits de famille
Un singe à l’infini
Sur l’autre il y a la porte ce tableau changeant
Où je pénètre moi
La première

Puis on devise sous la lampe
D’un mal étrange
Qui fait les fous et les génies
L’enfant a des lumières
Des poudres mystérieuses qu’elle rapporte de loin
Et que l’on goûte les yeux fermés

Pauvre petit ange disait la mère
De ce ton des mères moins belles que leur fille
Et jalouses

Violette rêvait de bains de lait
De belles robes de pain frais
De belles robes de sang pur
Un jour il n’y aura plus de pères
Dans les jardins de la jeunesse
Il y aura des inconnus
Tous les inconnus
Les hommes pour lesquels on est toujours toute neuve
Et la première
Les hommes pour lesquels on échappe à soi-même
Les hommes pour lesquels on n’est la fille de personne

Violette a rêvé de défaire
A défait
L’affreux nœud de serpents des liens de sang






*Accused of poisoning her mother and killing her father with poison, following a childhood of abuse and incest at the hand of her father M. Nozière, Violette Nozière became an emblematic figure of female oppression to the French surrealist movement. Here is a poem (Oser et l'espoir) by Paul Éluard on the subject of the injustices committed to her. Subject to the death penalty in France, her case became highly disputed but she only served time in prison and labour camp because her sentence was commuted in 1934 by the President.

**'Lorsque le pelican' a reference to Romanticist poet Alfred de Musset

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